La maladie et son traitement nous propulsent dans un état d’alerte constant au sein d’un quotidien auquel on n’est pas préparé et auquel on n’a pas consenti. Immédiatement, nous nous trouvons à la merci d’une machine qui est déjà en route. Aujourd’hui, des images médicales sont montrées en
guise de preuve, une version différente donnée par chaque spécialiste, incompréhensibles par un oeil non-entraîné. Elles représentent le corps d’une manière dépersonnalisée et ne sont lisibles que par des moyens propres à la médecine.
Au fil du temps passé en milieu hospitalier, le vocabulaire technique et l’imagerie médicale permettent de percevoir le corps malade en tant qu’objet externe, pouvant ainsi être maintenu à distance émotionnellement. Une déconnexion majeure semble se produire à ce moment, où la propriété
du corps change. Son intimité est supprimée. Son intégrité est affectée. Le corps et son contenu deviennent objets.
Et pourtant, ce “corps-objet” ne représente pas toute la vérité d’une maladie. En effet, sa négation en tant qu’entité holistique par l’objectivité scientifique pure semble violente et spécifique à notre ère.
Nous considérons la mort comme un phénomène médical, alors qu’il s’agit en fin de compte d’une expérience humaine qui est bien plus qu’une défaillance d’organes. Nous l’avons médicalisée et stérilisée au point de la déshumaniser. Mais
il s’agit d’une histoire beaucoup plus vaste qui mérite notre pleine attention.
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Invitation par l’Hôpital de Martigny et l’organisation Pallium pour la Journée mondiale des soins palliatifs 2023
Dessin au fusain sur papiers calques, 110 x 80 cm
Film d’animation au fusain, projection 30’’ loop